jeudi 23 mars 2017

Ma cure

En ce mois de février j'ai suivi une cure thermale à Balaruc-les-Bains. Dans ce blog je présente en 3 articles cette expérience:

1) Balaruc-les-Bains: présentation du site et de la ville
2) Les Thermes: présentation de l'établissement thermal
3) La Cure: le déroulement de ma cure
*
*  *

Ma cure


Inscriptions


Mon médecin généraliste m'avait prescrit une cure thermale en novembre dernier en orientation rhumatologie. J'ai saisi dans la foulée ma mutuelle, la MGEN, qui agit aussi pour le compte de la sécurité sociale. Elle m'a renvoyé un accord préalable valable seulement jusqu'à fin mars 2017. Sachant que les thermes de Balaruc sont fermés en décembre et janvier, cela ne laissait pas beaucoup de temps pour réserver ma cure. D'où mon inscription pour faire une cure dès la réouverture des thermes le 6 février 2017. Un chèque de 70 € a permis de valider cette réservation.

Avant de commencer la cure, il faut prendre rendez-vous chez un médecin thermaliste de Balaruc-les-Bains, qui prescrira les soins à suivre. J'ai fait cela le vendredi précédent le début de ma cure en prenant au hasard un cabinet médical figurant sur la liste recommandée par les Thermes. Là, j'ai appris que le protocole de la cure prévoyait en fait 3 visites médicales: l'une avant la cure, l'autre au milieu et la troisième à la fin. Pour ces 3 visites, le médecin demande 80 €, dont  24 € sont à payer par le curiste, le reste étant pris en charge directement par la sécurité sociale. Petite contrariété: la doctoresse qui m'a reçue ce vendredi ne travaille qu'à mi-temps et est donc associée à un autre médecin aussi à temps partiel. Je ne verrai donc pas le même docteur pour les 3 visites, ce qui réduira la cohérence du suivi médical.


Muni de la prescription médicale, il faut se rendre 300 m plus loin à l'accueil des thermes, au 1 rue du mont Saint Clair. Quelques guichets d'inscription y sont ouverts et fonctionnent comme à la sécurité sociale: il faut prendre un ticket numéroté et attendre que son numéro s'affiche sur les écrans pour rejoindre un guichet. Là, une mauvaise surprise m'attend: pour la première semaine, il n'y a plus de place que tôt le matin. Je devrai donc arriver aux thermes dès 7 h 30 du matin, ce qui me fera lever à 6 h du matin tous les jours de la première semaine, samedi compris. Les deux autres semaines je commencerai plus tranquillement vers 10 heures du matin. On me demande aussi un chèque de 132,20  €, qui s'ajoute aux 70 € déjà payés lors de la réservation. On m'explique en effet que les thermes de Balaruc-les-Bains n'ont pas passé d'accord de tiers-payant avec la MGEN. Il faudra donc que je leur demande moi-même le remboursement de ces frais à la fin de la cure.


On me remet alors un bracelet magnétique permettant l'accès aux thermes, et un planning des soins qui comporte la première semaine 4 soins par jour, regroupés tôt le matin. L'ensemble des soins ne prend pas plus que deux heures par jour ce qui a au moins l'avantage de me permettre d'être rentré chez moi avant 10 h. Je m'étonne cependant de voir que ce planning ne comporte plus que 3 soins par jour les deux semaines suivantes. On m'explique que l'un des soins intitulé  Aéro/Hydro Bains compte en fait pour deux soins: on est certes dans la même baignoire et avec la même eau, mais on a d'abord des jets pendant 10 minutes et ensuite des bulles pendant 10 minutes! Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a là une petite entourloupe bien organisée entre l'établissement thermal et les médecins qui curieusement ne prescrivent jamais séparément l'un de ces "deux" soins.

Il faut repasser ensuite au cabinet médical pour fixer les deux rendez-vous de suivi en milieu et en fin de cure. Mais il est alors midi passé et le cabinet médical ferme entre 12 et 14 heures. J'ai donc le temps de faire un tour en ville avant de conclure cette première journée à Balaruc-les-Bains.

Une dernière chose à faire avant la cure: s'assurer qu'on dispose d'un maillot de bain, d'un bonnet de bain et de sandales de piscine. J'ai les deux premiers, mais je dois encore en catastrophe aller acheter, le samedi avant la cure, des sandales de piscine chez Decathlon.

Les Vestiaires


Le premier jour de la cure, on met son bracelet magnétique qui permet d'entrer dans les étages réservés aux soins. On nous demande d'arriver un quart d'heure avant le premier soin, mais si on arrive trop tôt on ne peut pas rentrer. Après avoir lu le bracelet magnétique, le tourniquet d'entrée situé au 1er étage accède à la base de données où figure notre planning de soins et n'accepte en fait le passage que si un soin est programmé dans la demi-heure qui suit.


On reçoit le peignoir et une serviette, ainsi qu'un grand sac rectangulaire portant une publicité pour le casino de la ville. Il s'agit d'aller aux vestiaires se mettre en maillot de bain et en peignoir, et ranger ses habits de ville dans le sac fourni. Ensuite on fait face à l'une des grandes innovations technologiques des nouveaux thermes: le système automatique de casiers. C'est assez déconcertant au début: on doit trouver un casier disponible, y placer le grand sac qui a exactement la forme du casier, badger avec son bracelet électronique et le casier se ferme en emportant notre sac, tout en affichant "Affaires enregistrées" sur son écran à diodes lumineuses. Le souci est quand on a une grosse veste qui dépasse un peu du sac. Tout se coince alors, et il faut faire appel à un agent thermal qui lui-même doit savoir bidouiller sur un ordinateur pour débloquer le casier, le récupérer manuellement et nous aider à le remettre en tassant davantage la veste.


Quand on a fini les soins, le système est encore plus stressant car on ne maîtrise rien: en retournant en peignoir au 1er étage vers la sortie, on rebadge avec le bracelet électronique, puis on arrive devant un panneau vidéo qui affiche votre nom parmi la liste des gens qui attendent de reprendre leur vestiaire. Si vous avez de la chance, votre nom passe rapidement dans la colonne de gauche et indique le numéro du casier où vous pourrez reprendre vos affaires. Mais là aussi des blocages semblent fréquents, quand ce n'est pas de opérations de test ou de maintenance qui sont conduites par des personnels techniques, et alors l'attente peut être plus longue et nécessiter des interventions manuelles que seuls quelques agents thermaux savent faire. On finit par passer colonne de gauche, où s'affiche en face des son nom le numéro du casier où on peut récupérer ses affaires. Il faut alors à nouveau badger et attendre que le couvercle du casier se dérobe, laissant apparaître le sac "casino" contenant ses vêtements.

Quand il n'y a pas trop de monde et pas d'incident mécanique ou informatique, ce système semble performant et à l'usage plutôt simple à faire fonctionner. Mais il nécessite pour chaque nouveau curiste un apprentissage, et  j'ai vu au moins un jour sur trois des incidents qui énervaient un peu tout le monde: curistes comme agents thermaux. 

Les soins 

Les quatre étages du bâtiment thermal se répartissent différentes fonctions:


Au rez-de-chaussée les différents bassins et piscine, les douches et étuves. On y trouve aussi l'infirmerie.



Au 1er étage se trouvent les vestiaires et les fonctions connexes comme la distribution et la récupération des peignoirs et serviettes.  Le 2ème étage n'est pas accessible aux curistes et accueille sans doute des fonctions administratives ou techniques.


Au 3 ème étage on trouve plusieurs secteurs affectés aux soins de boue et aux baignoires. Au 4 ème étage surtout des soins de phlébologie et des massages que je n'ai pas fréquentés.


A noter qu'aux 3ème et 4 èmes étages se trouvent de très belles salles de repos avec de grandes baies vitrées donnant sur l'étang de Thau. Avant de reprendre la route j'y ai souvent passé un bon moment avec un livre. Un jour je m'y étais tellement attardé que le tourniquet du 1er étage n'a plus voulu me laisser sortir. J'avais dépassé la durée prévue pour sortir après le dernier soin, qui semble limitée à quelque chose comme  une heure. Là aussi un agent thermal a du intervenir pour me permettre de passer le portillon et de sortir.

J'ai bénéficié durant ces 3 semaines de 72 soins  (4 soins par jour sur 18 jours) avec le bémol signalé ci-dessus que le passage en baignoire compte pour deux soins.


Le soin de boue est appelé illutation de boue. C'est un soin en cabine individuelle : le curiste est allongé sur un lit d’application dont les buses de traitement sont positionnées par l’agent thermal, en fonction de la prescription médicale, sur les articulations à traiter. Les buses diffusent une boue liquide et onctueuse, mélange organominéral d’argile et d’eau thermale de Balaruc-Les-Bains à température constante (42°C). Il faut prendre une douche chaude en sortie de soin pour enlever la boue, qui colle notamment au maillot de bain. L'effet de ce soin qui dure environ 13 minutes est anti-inflammatoire, antalgique et myorelaxant. Même si l'idée de bains de boue n'avait au départ rien de séduisant pour moi, j'ai pris goût à ces jets chauds et "onctueux" sur les articulations, et c'est manifestement l'un des soins dont l'effet semble le plus immédiat et notable.


La baignoire comporte deux soins successifs: D'abord un hydromassage de 10 minutes dans un bain à 36° C d’eau thermale en baignoire individuelle, réalisé par des jets d’eau thermale sous pression constante. Il a un effet relaxant et décontractant musculaire. Puis un "aérobain", c'est-à dire une sorte de jacuzzi à bulles qui produit d'ailleurs aussi un effet relaxant et décontractant musculaire. Il dure également 10 minutes, dans la même baignoire et la même eau. On peut remarquer que chaque baignoire dispose de 152 buses de jets d'eau et 50 buses de jets d'airs. Le soin n'est pas désagréable, mais pour moi, rester 20 minutes sans bouger dans une baignoire nécessite de se donner de solides  sujets de méditation pour occuper son cerveau pendant que le corps se détend.


L'étuve des mains est un meuble muni d'orifices dans lesquels on introduit les mains. Ils plongent alors dans de la vapeur d'eau pendant 10 minutes. Son action est antalgique et décongestionnante. J'avais un peu redouté ce soin qui semblait sur le papier rébarbatif: rester assis pendant dix minutes avec les mains enfermées devant soi. En réalité, on est assis face à une grande vitre donnant sur l'étang de Thau, ce qui  garantit le spectacle: soleil, vent, vagues et beaucoup de mouettes. Mais c'est aussi le seul moment pendant la cure où on peut un peu sociabiliser avec d'autres curistes, ce qui m'a permis de discuter avec des gens sympathiques et parfois aussi de bénéficier des conseils de certains curistes qui suivaient leur quinzième cure ou davantage. 

Outre ces trois soins qui ont été la base de ma cure, le médecin m'avait aussi prescrit quelques soins en piscine.

D'un part des hydrojets en piscine: Le curiste immergé en piscine bénéficie pendant 10 minutes d’un massage musculaire en orientant lui-même un jet de forte pression sur les zones à traiter. Cela procure une décontraction et un drainage musculaire. Cela ressemble aux jets que l'on peut trouver dans beaucoup de piscines lorsqu'il y a une buse d'arrivée d'eau, mais ici c'est de l'eau thermale et surtout on dispose d'une manette pour faire monter ou descendre le jet. Pour ma part je l'ai surtout orienté vers mes articulations: genoux, coudes, voire sur la plante des pieds pour me faire de la réflexologie plantaire! 


D'autre part des séances de mobilisation: Les séances de mobilisation active en piscine thermale, qui durent 15 minutes, sont dirigées par un masseur-kinésithérapeute. Les curistes sont immergés en piscine dont l’eau thermale est à 34°C. La température de l’eau facilite les mobilisations articulaires par ses propriétés antalgiques et myorelaxantes. L’effet de la poussée d’Archimède libère les segments des membres de la pesanteur et permet des mouvements qui seraient difficiles hors de l’eau. En clair c'est de l'aquagym, mais hyper-douce et avec beaucoup de précautions. L'objectif est de retrouver une souplesse articulaire. Le seul intérêt que j'ai trouvé dans ce soin est qu'il est collectif, c'est-à-dire qu'il y a souvent une dynamique de groupe assez ludique et un peu dissipée entre les participants. Pour peu qu'on vienne tous les jours à la même heure on rencontre les mêmes curistes avec qui une petite complicité, très temporaire, s'établit. Cela dit l'ambiance est quand même très loin du Club Méditerranée: il faut bien avoir conscience que la moyenne d'âge des curistes est de l'ordre de 66 ans à Balaruc (c'est une moyenne !) et qu'ils souffrent à des degrés divers d'arthrose ou de pathologies veineuses. Presque tous les jours en voyant certains curistes, j'ai pensé à ce vers de Baudelaire: "Ô pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques!"


Le médecin m'a aussi prescrit, à titre de test pour l'année prochaine (si j'y retourne) une unique séance de douche générale. C'est une douche individuelle à 38° C  effectuée par un agent thermal à l’aide de deux jets d’eau pour traiter les muscles de la colonne vertébrale et des membres. Les jets peuvent être pleins ou brisés selon la prescription médicale. La douche, qui ne dure que 3 minutes, effectue un massage musculaire et veino-tonique, ce qui a un effet général stimulant et antalgique. Ma seule impression sur cette douche est qu'elle est vraiment courte.


Comme le mois de février n'est pas encore un mois de grosse affluence (les thermes étaient même restés fermés l'après-midi de la première semaine), les curistes de ce mois de février ont en outre bénéficié d'un bonus: l'accès libre à la piscine d'eau thermale. En temps normal c'est compté comme un soin de 20 minutes qui permet dans une eau à 34°C une immersion complète pour une détente et/ou une mobilisation des articulations, sans l’effet de la pesanteur, pour conserver ou retrouver la souplesse articulaire. J'ai donc complété chaque jour mes soins d'une petite séance de piscine avant d'aller ensuite me reposer dans une salle de repos.


Les bénéfices de la cure

Quand on discute avec d'autres curistes on se rend compte qu'ils partagent un certain nombre d'idées ( toutes faites?) sur le thermalisme, du moins celui de Balaruc, qui est le seul que j'ai essayé.


La première idée que j'ai entendue presque tous les jours est qu'on est là pour se soigner et pas pour prendre des vacances. Or, objectivement, le site de Balaruc au bord de l'étang de Thau, le soleil, les mouettes et les palmiers donnent une impression de vacances, que le centre thermal tout beau et tout neuf ne dément pas. C'est sans doute pour éviter le risque de culpabiliser devant ces quasi-vacances remboursées par la sécurité sociale, que chacun s'attache à justifier sa venue en cure en affirmant sans réserve ses effets thérapeutiques.

La seconde idée partagée par tous est qu'il faut multiplier les cures. La plupart des curistes font carrément chaque année une cure, et parfois depuis une dizaine d'années ou davantage. Même le médecin thermal m'a indiqué que les effets de la cure ne deviennent vraiment sensibles qu'à partir de la 3 ème année, ce qui pousserait à refaire de toutes manières une cure même si la première année aucun effet n'était perçu. En 2010, l'agglomération de l'étang de Thau a publié les résultats d'une enquête sur les curistes de Balaruc ( avant l'ouverture du nouvel établissement thermal) montrant que 85% des curistes n'en étaient pas à leur première cure, et même 28% étaient déjà venus 6 fois ou plus à Balaruc-les-Bains. J'ai d'ailleurs constaté que beaucoup de curistes ont réservé leur cure de 2018 avant même la fin de leur cure 2017, ce que l'établissement thermal semble encourager même si on n'a pas encore d'ordonnance médicale.


Pour une cure dans une année donnée, l'idée générale qui fait consensus veut que pendant la cure on soit très fatigué, que les effets bénéfiques apparaissent le premier mois qui suit la cure, et qu'ils persistent environ 8 à 10 mois pour s'estomper juste au moment d'enchaîner la cure suivante.

En ce qui me concerne, je n'ai évidemment pas encore le recul d'une année après la cure, et encore moins celui de plusieurs années de cure. Néanmoins dès la seconde semaine de cure j'ai ressenti un effet très net d'apaisement de mes douleurs inflammatoires, et j'ai trouvé un meilleur sommeil. Il est vrai que les douleurs et insomnies sont un peu remontées la troisième semaine, tout en restant plus modérées qu'avant la cure. Voilà un mois que la cure est terminée, et la situation semble stabilisée avec un mieux-être général mais des variations quotidiennes qui me rappellent que l'arthrose est toujours présente, même si elle se manifeste de façon moins vive et moins chronique.


Quant à la supposée fatigue, je n'ai rien ressenti de particulier, alors même que je faisais tous les jours l'aller-retour en voiture pour me rendre de Lattes à Balaruc-les-Bains, ce pour quoi beaucoup de gens me plaignaient. Même le médecin thermal m'avait recommandé de passer un temps en salle de repos après les soins, avant de prendre la route, ce que j'ai naturellement fait et qui a sans doute aidé.


Pour finir avec cette première expérience de cure, il faut ajouter ici que la mutuelle MGEN m'a remboursé très rapidement sa participation aux frais de cure. Elle se monte à 23 € pour les visites médicales, à 181,61 € pour les soins et à 75 € de forfait pour les transports et l'hébergement. Comme j'avais payé 24 € pour les visites, 202.20€ pour les soins thermaux, et estimé dans mon 1er article sur Balaruc le coût du transport à 256 €, on peut donc considérer que la cure m'aura coûté 202 € nets. Il est vrai que s'y est rajoutée une dépense imprévue: j'ai été flashé par un radar sur l'autoroute A9, ce qui m'a valu 45 € d'amende et un point de moins au permis.


Devant ce bilan somme toute très appréciable, je vais indiquer à mon médecin généraliste que je suis candidat pour renouveler une cure en 2018. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire