samedi 26 mars 2016

Corum


Nous sommes allés hier assister à un concert donné dans le palais des Congrès de Montpellier, appelé le Corum. C'est l'occasion de découvrir ce bâtiment grandiose situé au bout de l'esplanade principale de la ville, ainsi que l'Opéra Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon (c'est son titre officiel, en attendant peut-être une évolution suite à la fusion des régions).



Tout commence par la billetterie. Je l'ai trouvée sur internet et j'ai pu réserver il y a déjà quelques semaines deux places pour le concert de ce vendredi saint, appelé "Joyaux Russes", comportant le 2ème concerto pour piano de Rachmaninov et la 5ème symphonie de Tchaïkovski. Il ne restait cependant plus beaucoup de places, aussi avons-nous pris des billets de catégorie 2, à 28€ chaque, placés au 2ème rang à droite. Bonjour les contrebasses! Il y a une particularité troublante quand on réserve le billet sur internet, c'est que l'on bascule sur un site qui s'intitule 3emeacte.com et à qui on doit donner ses coordonnées bancaires. On n'est pas très sûr d'être sur le bon site ou de ne pas se faire pirater. Mais je peux témoigner que cela marche. Par contre, impossible d'imprimer soi-même les billets ou se les faire envoyer par la poste. Il faut les retirer place de la Comédie à la billetterie de l'opéra, ou alors sur place au Corum une heure avant le spectacle. J'ai donc profité d'un passage en ville pour les retirer mercredi dernier, après une première tentative lundi où bien entendu le guichet était fermé.

Le jour du concert, je reçois un e-mail:
Bonjour,Le concert de ce soir pour lequel vous avez acheté des places est complet, pensez à prendre vos précautions concernant le parking et le temps d’entrée dans la salle.Le concert à (sic) lieu au Corum à 20h, si vous n’avez pas déjà retiré vos places un accueil situé au niveau 0 du Corum sera présent dès 19h.Nous vous souhaitons un bon concert, ne soyez pas en retard car nous ne pourrons vous replacez. (re-sic)
Musicalement,Fabienne Roche
Responsable de la billetterie
Conditions de sécurité :Dans le cadre de l'état d'urgence déclaré sur le territoire national, l'Opéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon a mis en place des mesures de vigilance renforcées :- un contrôle systématique des personnes et des sacs à l'entrée des salles de spectacles sera effectué pendant cette périodeUne directive du Ministère de la Culture et de la Communication nous informe que le plan Vigipirate est renforcé. Dans ce cadre nous nous devons de vous prévenir que toute personne se présentant avec des bagages ou sacs de grande contenance se verra interdire l'entrée des salles de spectacles.Merci infiniment de votre compréhension.La DirectionOpéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon


Le soir du concert, il faut donc se rendre au Corum depuis Lattes. Pour ne pas avoir de problème de parking au Corum, nous y allons en tram. Mais comme les tram pour Lattes-Centre sont rares en fin de soirée (un seul par heure), nous décidons d'expérimenter le système Parking+Tram pour rejoindre une station où les trams sont plus fréquents, et qui en outre arrivent directement au Corum contrairement à la ligne 3 qui aurait nécessité un changement. Nous nous rendons donc en voiture à la station Sabines sur le tram 2, située à environ 5 km de notre maison à Lattes. Nous y garons la voiture et prenons un billet combiné parking+tram aller-retour valable pour tous les occupants de la voiture. Grâce à la carte Pass-Métropole il ne coûte que 3,60€, ce qui est moins cher que 2 aller-retours sans stationnement. Nous arrivons ensuite en 18 mn au Corum. Je réalise après coup qu'il y avait sans doute encore plus rapide en utilisant le parking du tram 4 à la station Garcia Lorca, qui est plus proche de Lattes et qui aurait rejoint le Corum en 15 mn de tram. On essaiera la prochaine fois.


Nous découvrons alors ce magnifique paquebot qu'est le Palais des Congrès de Montpellier, donc appelé le Corum. C'est un très grand bâtiment recouvert à l'intérieur comme à l'extérieur de marbre rose, qui a été conçu par l'architecte Claude Vasconi sous l'impulsion de Georges Frèche, et mis en service en 1988. Claude Vasconi est un architecte d'origine alsacienne, et je me demande s'il n'a pas un peu voulu rappeler le grès rose des Vosges en construisant le Corum ! Le bâtiment répond à plusieurs fonctions: il comprend d'abord une grande salle de 2.000 places qui est nommée l'opéra Berlioz, et où se produira le concert. Il y a aussi deux salles de congrès de 800 et 300 places, des surfaces d'exposition de 4.000 m², toutes sortes de fonctions support (restauration, administration) et 3 niveaux de parking en sous-sol.


Notre impression générale à l'entrée, comme à l'entracte et à la sortie, est celle d'un bâtiment monumental, très clair et aéré, très fonctionnel et fluide. On y bénéficie de grands escaliers et escalators,  de grands halls pour se promener, des toilettes nombreuses, des bars où la coupe de champagne se paie 6€, ce qui est au moins deux fois moins cher qu'à l'opéra de Paris. Naturellement on trouve sur internet la trace des polémiques qui ont marqué le coût de la construction. Si aujourd'hui cet équipement peut fonctionner sans être un gouffre financier, ce que je n'ai pas vérifié, alors on ne peut que saluer le génie aménageur des responsables municipaux de l'époque, en opposant aux critiques l'adage "Payer cher ne fait mal qu'une fois, alors qu'avoir un magnifique palais des congrès fait un bien durable". Et je suppose qu'il a finalement coûté beaucoup moins cher que la nouvelle Philharmonie de Paris, où tout est gris et sinistre, et les circulations particulièrement mal fichues.


L'opéra-orchestre national de Montpellier est la principale formation orchestrale dans la région. Il comprend 93 instrumentistes et 31 choristes. Sa directrice générale est depuis 2014 Valérie Chevalier,  une cantatrice convertie au management culturel. Et depuis septembre 2015, son chef principal est Michael Schønwandt, un chef danois qui a déjà eu l'occasion de diriger les plus grands orchestres symphoniques du monde. Il est né en 1953, et a la particularité amusante de ressembler beaucoup au maire de Montpellier.

Nous avons découvert cette formation musicale dans des conditions un peu spéciales puisque assis au 2ème rang à droite nous avions sous les yeux et devant les oreilles surtout les contrebasses et les violoncelles. Nous avons cependant pu remarquer le cor qui a été très sollicité dans cette musique russe et s'est bien mis en valeur.


Nous avons aussi noté le dynamisme communicatif de la première violon Dorota Anderszewska qui a dans cet orchestre le titre de violon-solo super-soliste. Selon des articles de presse datant de 2013, dans l'Agglorieuse et le Midi libre, elle est tellement fougueuse et déterminée qu'elle aurait conduit une fronde contre l'ancien chef Jean-Paul Scarpitta. En tous cas on a pu noter que le chef actuel la ménageait beaucoup en la saluant et la remerciant à tous bouts de champ.


L'orchestre semble globalement très cohérent et bien conduit par Michael Schønwandt avec une battue assez mesurée, et une clarté de mouvements quand il souligne certains phrasés.


Disons aussi un mot du soliste qui a joué la difficile partie de piano du 2ème concerto de Rachmaninov. Il s'agit d'Alexander Gavrylyuk, un pianiste né en 1984 d'origine ukrainienne et qui est maintenant australien. Il a donné une version très romantique et passionnée de ce concerto, avec beaucoup d'expressions du visage. Il a été bissé deux fois, ce qui nous a permis de découvrir la marche nuptiale de Mendelssohn transposée au piano par Liszt et adaptée par Horowitz qu'on peut revoir sur Youtube ci-dessous, ainsi qu'une version délicieuse des Scènes d'enfant de Schumann.



Au total, cela nous rassure sur la vie culturelle de Montpellier, mais nous n'étions pas très inquiets: On peut y voir des artistes de très haut niveau et des spectacles de grande qualité, dans des conditions finalement plus simples et plus économiques qu'à Paris.

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